« … votre sous-sol a été désigné pour abriter une annexe du commissariat central de la Police nationale. »



Un petit extrait pour se mettre dans l'ambiance ?
« Bienvenue dans un futur proche en mode comédie grinçante. Le dispositif de la comédie est assumé, respecté et parfaitement adapté. Une femme narratrice décidée à ne pas se laisser faire. Un mari soumis à l'autorité de l'uniforme. Et un chef de police réquisitionnant leur garage pour installer un centre de police. Forcément ça prend de plus en plus de place. Les mœurs, l'entendement, l'humanité sont plus que malmenés pour notre plus grand plaisir. Les dialogues sont savoureux. L'histoire est savamment bien menée. le dénouement n'est pas attendu car l'auteur place très astucieusement de la nuance et arrive à presque nous faire basculer la tête « Non ils vont finir par s'opposer ! » Eh bien... Lisez le livre ! Cela m'a rappelé Matin Brun de Franck Pavloff et Les jardins de l'horreur pour le côté pièce de théâtre malgré soi. Bref une lecture que je recommande vivement. »
Un lecteur (avant l'heure)

« Entrez, c’est toujours ouvert. »
L’uniforme jaune et bleu pousse le portillon, et grimpe la douzaine de marches jusqu’à moi. Nous avons un facteur philosophe : « Je colporte heurs et malheurs plein la sacoche, aime-t-il à dire, mais ne choisis pas à qui je les distribue. » Toutefois, aujourd’hui, il arbore un visage étrangement fermé et me salue à peine. Il me tend une enveloppe frappée d’un drapeau tricolore.
À défaut de choisir, me dis-je, il doit parfois deviner la nature de ses augures : le plus gros expéditeur de courrier du pays est l’Agence nationale du travail.
Si mon mari avait reçu le pli officiel à ma place, il se serait débrouillé pour l’égarer dans un coin du salon. Un homme, ça fait semblant de ne pas avoir marché dedans tant qu’il n’en sent pas l’odeur. J’arrache le haut de l’enveloppe avec les dents.
« Et moi qui voulais installer une alarme !, s’écrie Marc, avachi en jogging devant une émission de téléréalité qui promet un emploi de veilleur de nuit au gagnant. Cécile, tu effraierais un cambrioleur ! »
La lettre porte l’en-tête du ministère de l’Intérieur. J’en termine la lecture à haute voix en m’approchant de Marc :
« … que votre sous-sol a été désigné pour abriter une annexe du commissariat central de la Police nationale. »
pp. 7/8

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